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Libertox est une démarche éducative de prévention antidrogue auprès des jeunes de 13 à 20 ans, en particulier les jeunes Amérindiens, basée sur une approche globale de la problématique des drogues, à la fois dans ses aspects physiologiques, psychologiques et socioculturels, et privilégiant les actions collectives pour y faire face. Cette démarche repose sur l'utilisation d'un outil multimédia, suivie d'une phase de mise en oeuvre de petits projets d'équipe comme alternative à la consommation, réelle ou potentielle.
Orientation
Le terme «Libertox» est un terme forgé des mots liberté et toxique. Libertox s'adresse à tous les jeunes et intervenants, en visant prioritairement les milieux Amérindiens.
Libertox n'est pas une approche thérapeutique, mais éducative. Elle ne remplace donc pas les interventions spécialisées auprès des gens en phase de toxicomanie ; ce matériel peut néanmoins s'avérer utile dans ce contexte également.
Des interventions de nature collective
Libertox privilégie une approche socioculturelle des drogues. En effet, les milieux à haut risque de consommation problématique sont ceux qui réunissent le plus grand nombre de facteurs incitatifs, notamment, la pauvreté et le chômage, des trames familiales difficiles, un faible niveau de scolarité, à quoi s'ajoute dans le cas amérindien, un héritage socioculturel battu en brèche par le poids de la culture majoritaire et des vicissitudes de l'Histoire. Cette accumulation de conditions dépasse la seule responsabilité individuelle.
Dans de tels contextes, on doit chercher à arrimer les prises de conscience personnelles à une démarche d'action collective, non parce que les actions individuelles sont superflues, mais parce que devant le mur compact de certaines réalités sociales et leurs répercussions sur les individus, une action concertée est plus susceptible d'avoir un effet tangible et durable. La formule des projets de groupe permet d'escompter un tel effet.
Une prise de conscience de l'environnement global
La dépendance aux drogues n'apparaît pas subitement, mais au terme d'un apprentissage à la fois physiologique et socioculturel. Bien sûr, on doit être informé des caractéristiques biochimiques des drogues, savoir par exemple que des substances comme les amphétamines ont le pouvoir d'enclencher rapidement une dépendance. Ceci étant admis, il faut bien voir que ce n'est pas la substance qui détermine principalement l'usage, mais plutôt les modèles de consommation et l'environnement des individus. Les drogues changent, les patrons culturels demeurent. L'information sur les drogues ne peut donc se réduire à la seule question de consommer ou ne pas consommer. Libertox convie les jeunes à s'interroger sur les motivations et les conditionnements sociaux sous-jacents à la consommation.
L'information et l'éducation
Une information honnête et à jour sur les drogues est nécessaire. Les connaissances en ce domaine évoluent vite. Par exemple, les données récentes en neurologie montrent que le cerveau des jeunes continue de se développer jusqu'après l'âge de vingt ans, ce qui justifie amplement le principe de précaution. Les jeunes doivent aussi être conscientisés à l'impact à long terme des drogues, qu'on mesure mieux aujourd'hui. Mais éduquer ne se limite pas à informer, c'est susciter une réflexion sur l'information qu'on présente.
La problématique des drogues est complexe, parce qu'elle met en jeu un ensemble de facteurs individuels, sociaux, culturels, imbriqués dans des attitudes idéologiques souvent contradictoires. Le défi éducatif consiste alors à cibler ce qu'il est essentiel de savoir pour un jeune mais sans simplifier à outrance, sans quoi la réflexion risque aussi d'être simpliste ; de montrer aussi en quoi la compréhension du comportement face aux drogues peut nous éclairer sur d'autres aspects du comportement, par exemple la dépendance au jeu compulsif ou à la malbouffe.
Les projets
Les motifs qui peuvent pousser des jeunes à consommer sont aussi ceux qui peuvent les amener à agir autrement : la curiosité et le goût d'explorer, la solidarité de groupe, la recherche des sources de plaisir, les fragilités individuelles, le besoin de relations affectives significatives, la valorisation de soi.
Ne pas consommer ou se sortir de la consommation n'est qu'une étape. Ensuite, quoi faire de sa vie? quoi faire de soi-même dans la vie ? comment et où trouver de quoi nourrir le cœur et l'esprit ?
La décision d'agir est individuelle mais les conditions, elles, sont à la fois collectives et personnelles. Les projets d'équipe peuvent canaliser l'énergie des jeunes et par l'action, les aider à trouver réponse à ce questionnement fondamental.
Le positionnement des éducateurs
La tentation peut être forte d'éviter certains thèmes, parce qu'en tant qu'adulte, on n'est pas toujours sûr de la réponse à y apporter ou parce qu'on se sent soi-même interpellé. Une telle attitude est cependant vouée à l'échec, car les jeunes sauront la détecter. Dans Libertox, un effort a été fait pour donner à l'éducateur des outils de réflexion et d'intervention lui permettant de se positionner et d'avoir une démarche cohérente.
Ce résultat ne peut cependant être atteint qu'en parcourant toute l'information pertinente et en n'essayant pas de tourner les coins trop rondement, sous prétexte de ne pas perdre l'attention des jeunes. Parfois, une information plus détaillée peut s'avérer à cause de cela même plus compréhensible, et de ce fait, plus intéressante. Les tests d'autoécompréhension aideront à soutenir cet intérêt.